Prémisses et naissance du Cinéma

Contexte

Le cinéma détient aujourd’hui une place importante dans notre société. Son histoire a beaucoup évolué au fil du temps et il a pu servir à de multiples causes. Nombreuses sont les personnalités qui ont pu faire évoluer cet art dans le temps.

Ce cours a pour objectif d'acquérir une vue d’ensemble de l’histoire du Cinéma, d’un point de vue chronologique. Il aborde les évolutions techniques et scientifiques qui font de l’art cinématographique, un art à part entière. À travers ce cours l'apprenant va assimiler les grandes dates, ainsi que les personnages ayant fondé et contribué à l’histoire du Cinéma.

Pré-Cinéma

DéfinitionLe folioscope

La naissance du Cinéma est fréquemment assignée aux Frères Lumière. Cependant, dans les années 1800, des scientifiques expérimentent des inventions qui jouent avec l’illusion optique humaine. En 1860 apparaît le folioscope, ou flipbook. L’identité du précurseur à l’origine de cette invention est incertaine (il ne sera donc pas cité ici). Le Folioscope est un petit livre, dans lequel sont imagés plusieurs dessins ou photographies. Lorsque ce livret est feuilleté rapidement, l’illusion du mouvement apparaît à l'œil humain. Ce phénomène optique est dû à la persistance rétinienne.

Le folioscope

Exemple d’un folioscope photographique

Source : upopi

DéfinitionLa persistance rétinienne

La persistance rétinienne est un phénomène attribué à l'optique. Il s’agit de la capacité de l'œil à superposer une image déjà vue, aux images en cours de visionnement. Lorsque nous regardons une image, celle-ci se forme sur la rétine de l'œil humain. Cette image est mémorisée par la rétine, et met une fraction de seconde à disparaître de la surface sensible de l'œil. Il existe deux types de persistances rétiniennes, la persistance rétinienne positive et la persistance rétinienne négative.

La persistance rétinienne positive est dite « rapide ». Elle dure environ 50 millisecondes. Paupières fermées, la couleur et la lumière de l’image persistent sur la surface sensible de l'œil. L'œil humain est donc capable de capter et de discerner environ 20 images par seconde.

La persistance rétinienne négative dure elle plus longtemps. Elle est due à une exposition prolongée de la rétine à une lumière puissante, qui détériore les bâtonnets de la surface sensible. Une trace sombre persiste durant plusieurs secondes sur la rétine, paupières fermées.

Source : Aliénor

Aujourd’hui, le Cinéma, la télévision et tout autre média audiovisuel font appel à la persistance rétinienne pour donner l’impression du mouvement continu des images. Au cinéma, le nombre d'images par seconde est de 24. Celui de la télévision est de 25. Ces normes permettent de percevoir les images de manières fluides par l'œil humain.

Aux prémices du Cinéma, plusieurs scientifiques ont expérimenté ce phénomène optique, et de nombreux instruments furent élaborés sur ce principe.

DéfinitionLe Zootrope

Le zootrope est un tambour perforé de 10 fentes. À l’intérieur de ce tambour est tapissée circulairement une bande de dessin. Ce tambour est fixé sur un axe cyclique. En faisant tourner ce tambour, grâce à un système de rotation, la bande de dessin s’anime à travers les fentes. Cet objet fait appel à la persistance rétinienne, puisque les images s’impriment et se mémorisent sur la rétine, surface sensible de l’œil.

Le Zootrope

Source : Artic paris

FondamentalEdison et le Kinétoscope

En 1891, Thomas Alva Edison, inventeur américain, crée le premier appareil de projection, le Kinétoscope. Il s’agit de la plus ancienne machine de l’histoire du Cinéma. Le 20 Mai 1891, le Kinétoscope est dévoilé au public. C’est une invention de visionnage individuel. Ce dispositif était destiné à visualiser des vues photographiques. Il est basé sur le même système de rotation cyclique que le zootrope. Cette machine fait aussi appel à la persistance rétinienne. Pour observer les vues, on devait regarder à l'intérieur d’une visionneuse appelée le Kinétoscope.

Le Kinétoscope

Source : BOOK Wiki

Le Kinétoscope est indissociable du Kinétographe. Il s’agit de la première caméra enregistreuse. Conçue par Thomas Alva Edison en collaboration avec William Kennedy Laurie Dickson (inventeur, photographe et réalisateur), cette caméra est fabriquée en 1890. Le Kinétoscope est un appareil de prise de vue argentique, qui enregistre les plans d’un film sur un support photographique (pellicule). Le Kinétoscope était utilisé pour observer les vues cycliques enregistrées par le Kinétographe.

Frères Lumière, naissance du Cinéma

Les Frères Lumière, courte biographie

Auguste Lumière (1862 - 1954) et Louis Lumière (1864-1948), sont deux frères français, inventeurs et ingénieurs. Ils sont considérés comme les pionniers du Cinéma, reconnus pour leurs inventions universelles. À eux deux, ils ont déposé plus d’une centaine de brevets dans le domaine de la photographie. Nommés les Frères Lumière, ils inventent le Cinéma en 1895.

Les Frères Lumière

Source : france beu

FondamentalLe Cinématographe Lumière

Le brevet du Cinématographe est déposé par les Frères Lumières, le 13 février 1895, à Paris. Le Cinématographe est une machine capable d’enregistrer et de projeter. Son étymologie est tirée du grec ancien Kinêma ; mouvement et Graphein : écrire ; l’écriture du mouvement.

La Naissance du Cinéma est attribuée à la première projection cinématographique en 1895, au Salon Indien du Café de Paris, « La sortie des usines Lumière à Lyon », des Frères Lumière. Louis Lumière dira à ce propos : « Le 28 décembre 1895, nous ouvrions une salle de projection publique dans le sous-sol du Grand Café. Et ce n’est qu’à partir de cette date que quelqu’un a pu dire : j’ai été au cinéma ».

Le Cinématographe devance les autres machines alors existantes, comme le Kinétographe d’Edison. Il est plus léger donc plus mobile. Les Frères Lumières envoient des opérateurs à travers le monde entier pour faire la promotion du Cinématographe. Il s’agit des émissaires du Cinéma.

Source : DéMUSEELé

FondamentalLes vues Lumières et la genèse des premières formes de montage cinématographique

Les vues Lumières sont des vues considérées comme « réelles ». En effet, les moyens techniques ne permettant pas d’expérimenter des montages innovants, les films de la naissance du cinéma ne font que représenter la vérité. Le Cinéma à sa genèse ne possédait que peu de technique, de créativité et le montage n’était pas encore existant. Toutes les œuvres pionnières possédaient le même format ; un seul plan fixe d’une durée d’une minute environ. Après le lancement du Cinématographe au Café de Paris, les émissaires iront exploiter l’Art cinématographique. La mise en scène sera travaillée, le Cinématographe sera mobile dans l’espace afin de jouer avec les différentes valeurs de plans, la durée des prises de vues augmente, et pour donner du dynamisme aux images, elles seront collées bout à bout. D’autres grandes personnalités viendront se positionner comme acteurs du développement de cet art, en apportant les fondements du Cinéma.

Alice Guy, la naissance du film de fiction

FondamentalCourte biographie d’Alice Guy

Alice Guy-Blaché (1873-1968) réalisatrice, scénariste et productrice, est la première femme réalisatrice au Cinéma. Elle assiste à la projection des Frères Lumières au Café de Paris, le 13 février 1895. Époustouflée par leurs images, elle demande alors à son patron, Léon Gaumont, pour qui elle travaille en tant que secrétaire, au Comptoir Générale de la Photographie : « Monsieur Gaumont. J'ai une idée : je vais écrire de petites scènes, les faire jouer par des acteurs et les filmer ! Prêtez-moi du matériel, vous allez voir, ça va être génial ! » Elle initie alors la fiction au Cinéma.

Georges Méliès, maître de l’illusion

Georges Méliès, histoire d’un magicien

Georges Méliès (1861-1938) est un magicien, illusionniste français. Il est le premier cinéaste à réaliser des effets spéciaux au cinéma. En assistant à la projection des Frères Lumière, il s’intéresse au cinématographe auquel il lie sa passion pour la magie. En 1896, Méliès fabrique sa propre caméra, devant laquelle il tourne ses tours de magie.

Caméra 35 mm de Georges Méliès

Il est le premier cinéaste à utiliser les procédés de surimpression, de fondus, ainsi que des décors en trompe-l'œil. Son genre cinématographique renouvelle le cinéma qui n’était alors que de la prise de vue du réel et de la mise en scène modeste.

L’HOMME A LA TÊTE EN CAOUTCHOUC, Georges Méliès 1901

Usage d’un décor en trompe-l’œil

Source : LA CINE TEK

FondamentalLes premiers trucages au Cinéma

En outre, Méliès est aussi l’un des premiers cinéastes à utiliser la couleur au Cinéma. En effet la couleur prend une place prépondérante dans son œuvre cinématographique, puisqu’elle relève de son univers féerique et magique. Il utilisera un procédé de colorisation minutieux. Ses pellicules seront peintes par plus de deux cents ouvrières à raison de 16 à 18 images par seconde. À cette époque, Léon Gaumont de même que les frères Pathé, auront eux aussi recours à ce procédé de colorisation.

LE VOYAGE DANS LA LUNE, de Georges Méliès réalisé en 1902, est l’un des films les plus connus de ce pionnier du Cinéma. Sa copie couleur a longtemps était considérée comme perdue. LE VOYAGE DANS LA LUNE a donc été largement diffusé en noir et blanc. Cependant sa copie a été retrouvée et a fait l’objet de l’ouverture du Festival de Cannes de 2011. Il est classé comme étant le premier film sur la liste du Patrimoine Mondial du Cinéma, et est considéré comme le premier film de science-fiction au Patrimoine de l’Unesco.

À visionner : Extrait LE VOYAGE DANS LA LUNE, Georges Méliès 1902

Le voyage dans la lune (version restaurée) - Georges Méliès : extrait n° 2

DéfinitionLe montage sur support photosensible

Le montage n’était pas existant au début du Cinéma. Les premières caméras ne pouvaient enregistrer sur pellicule uniquement une quarantaine de secondes. Lors des tournages, les opérateurs arrêtaient l’enregistrement pour changer d’angle de prise de vue, ou bien d’échelle de plan. Il s’agit ici d’une première forme de montage. En 1896 les Frères Lumières collent bout à bout 4 pellicules de 4 films différents. Le montage apparaît alors dans sa structure narrative. D’un point de vue technique, il naît aux États-Unis en 1913, et en France vers les années 1917. On le nomme alors le montage sur support photosensible. Le montage sur support photosensible c’est la manipulation des pellicules aux formats 35 mm et 16 mm, des caméras argentiques. Les tables de montages étaient composées de plusieurs bandes-son et images, le monteur y visionnait les images et y marquer au crayon le début et la fin du rush à même la copie positive des pellicules, afin de ne pas abîmer l’originale. Ensuite les pellicules étaient collées bout à bout entre elles, afin de créer une séquence, à l’aide d’un outil appelé « La colleuse ».

Table de montage des années 1940 comportant les bandes son et les bandes images

Colleuse de pellicule 35 mm