Évolution de la pratique des loisirs

Contexte

L'augmentation du temps libre dans notre vie quotidienne a fait exploser notre pratique des loisirs. Ces derniers nous rendraient d'ailleurs plus heureux : des études scientifiques ont prouvé leur effet positif sur notre santé mentale et physique.

Depuis mars 2020, la crise du Covid-19 a fortement impacté le secteur des loisirs : la fermeture des établissements durant de longs mois et le changement de nos comportements en raison des contraintes sanitaires ont modifié nos pratiques.

Mais qu'entend-on par activités de loisirs ? Quelle distinction fait-on avec le loisir au sens large, les vacances et le tourisme ? Et quelle a été l'évolution des pratiques au fil de l'histoire ?

De nos jours, les loisirs touristiques sont très variés. Quels sont les différents types d'activités et par qui sont-elles pratiquées ? Qu'en est-il des tendances à venir ?

Loisir, loisirs, vacances et tourisme 

DéfinitionLoisir, loisirs, vacances et tourisme : quelle distinction ?

Souvent source de confusion, ces termes ont des sens pourtant différents à l'origine :

  • Le loisir au singulier est synonyme de temps libre, au sens large. Mais il renvoie également à une occupation à laquelle un individu peut s'adonner pour se reposer, se divertir, etc. Dans ce deuxième cas, le terme se rapproche de celui de « divertissement » ou de « sport ».

  • Au pluriel, les loisirs désignent « l'ensemble des occupations ou distractions librement choisies hors du travail et des contraintes de la vie quotidienne ». Ils peuvent avoir lieu à domicile ou près du lieu de résidence, et s'inscrivent dans le quotidien. Mais ils constituent aussi le premier motif des déplacements touristiques.

  • Les vacances, quant à elles, désignent un séjour d'au moins quatre nuitées consécutives passées hors du domicile habituel, pour des motifs de détente, de loisirs, de visite à des parents ou amis. Cette notion dépasse donc celle des loisirs, mais elle est plus restreinte que le tourisme.

  • Le tourisme a un sens plus large, il s'inscrit « en dehors de la vie du quotidien ». Il implique un déplacement d'au moins une nuit hors de chez soi pour un motif non professionnel.

S'il y a donc bien une distinction entre loisirs et tourisme, ces deux mots sont de plus en plus associés, car les activités de loisirs s'exercent autant près de chez soi, dans son quotidien, que lors de ses déplacements pour motif touristique.

Les termes « loisirs touristiques » et « loisirs non touristiques » sont alors apparus pour différencier les pratiques, mais la frontière entre les 2 est parfois mince. À la différence du loisir « non touristique » qui peut avoir lieu à domicile, le loisir touristique est lié à la découverte d'un lieu et nécessite de sortir de chez soi. Il peut être pratiqué autant lors d'un court séjour ou des vacances qu'à l'occasion d'une journée d'excursion, sans dormir hors de chez soi : on parlera alors d'« excursionnisme ».

La place des loisirs dans notre vie

En 1992, le géographe Georges Cazes proposait un schéma simplifié opposant le temps de travail et le temps libéré. Autrefois bien distinctes, les frontières entre temps de travail et temps libéré se sont amincies de nos jours : combien de cadres continuent à consulter leurs mails pendant leurs vacances ? Et combien de collaborateurs profitent d'un déplacement professionnel pour prolonger leur séjour à titre personnel ?

Histoire du tourisme et des loisirs touristiques

Pratiques touristiques depuis le 18ème siècle

Historiquement, le tourisme est d'abord considéré comme une pratique culturelle. Au 18e siècle, les jeunes aristocrates britanniques - copiés ensuite par les pays voisins - effectuent un « Grand Tour » de l'Europe pour découvrir les hauts lieux culturels et parfaire leur éducation. Mais le tourisme, tel que nous le connaissons, émerge au 19e siècle en Grande-Bretagne : le premier voyage organisé par Thomas Cook propose à la classe moyenne une excursion à la journée en train.

À partir des années 1850, les stations thermales et de montagne apparaissent. Les classes aisées partent pour des raisons de santé et de bien-être : le climatisme, c'est-à-dire la lutte contre les maladies infectieuses, et le thermalisme se développent.

La nature est aussi à l'honneur : pratique de l'alpinisme, villégiature à la campagne où les nobles se reposent dans leur résidence secondaire, etc. De la fin du 19e aux années 1940, les stations balnéaires deviennent des lieux de plaisir et de baignade pour les différentes classes sociales. Les sports d'hiver voient le jour à cette époque.

Au 20e siècle, les loisirs prennent une place de plus en plus importante dans la société occidentale, en grande partie grâce à l'augmentation du temps libre depuis plusieurs générations : réduction progressive du temps de travail, allongement de la durée de vie, augmentation des congés payés et hausse du niveau de vie, etc.

L'avènement de la société des loisirs

Un grand tournant se produit dans les années 1960 : les services de loisirs deviennent une part importante de la croissance économique. Avec le développement des infrastructures routières et des moyens de transport, le tourisme de masse se développe : les classes moyennes urbaines s'adonnent de plus en plus aux loisirs de découverte, de sport ou de farniente à la plage.

Le premier « club Méditerranée » (plus connu sous l'appellation « Club Med ») est créé dans les années 1950 avec l'invention des « vacances tout compris ». Les stations de ski et les croisières se développent à cette période. Le transport en avion devient de plus en plus accessible dans les années 1970 et les voyages à l'étranger vers des destinations soleil se multiplient. En parallèle, les activités culturelles et éducationnelles sont prisées et le tourisme à la découverte des villes augmente.

À la fin des années 1980, de grands parcs d'attractions voient le jour en France : Disneyland Paris et le Futuroscope en 1987, Parc Astérix en 1989, etc. Dans le même temps, les sports de nature (VTT, kayak, rafting, etc.) et les activités culturelles (visites de monuments historiques et musées, festivals, etc.) ont le vent en poupe.

Remarque

Le tourisme et la pratique des loisirs ne cessent alors de se développer, jusqu'à la surfréquentation de certains sites ou destinations. Le terme « surtourisme » apparaît en 2016, pointant du doigt la menace envers l'environnement et la qualité de vie des habitants. Une réflexion émerge alors pour mieux gérer et répartir les flux de visiteurs.

En 2017, une enquête de Statista a ciblé les loisirs préférés des Français pendant leurs vacances : le repos, les activités culturelles et la découverte de la nature. Concernant les touristes étrangers, la visite du patrimoine arrive en tête de leurs activités au cours de leur séjour en France, avant les découvertes gastronomiques et œnologiques et le shopping. Le tourisme culturel représente d'ailleurs 40 % du tourisme mondial.

Tournant en 2020

Quel a été l'impact du Covid sur les pratiques ?

Depuis le début de la pandémie, le secteur des loisirs est fortement touché : fermeture des sites de loisirs durant de longs mois, contraintes sanitaires à leur réouverture (instauration de jauges, port du masque et gestes barrière, pass sanitaire, etc.).

Après avoir été confinés plusieurs mois, les Français ont davantage plébiscité les activités de sport et de plein air, près de chez eux, au contact de la nature : vélo, randonnée, canoë, batellerie, etc. En raison des restrictions sanitaires et de la peur d'être contaminés, les activités couvertes et les sites à très forte affluence ont, quant à eux, subi une chute de la fréquentation en 2020.

DéfinitionLes envies des Français depuis la pandémie

L'observatoire des loisirs français (ObSoCo) a réalisé en juillet 2020 une étude sur les attentes des Français en matière de loisirs pendant leurs vacances. Le besoin de se reposer a augmenté depuis 2015 : il est désormais partagé par 30 % d'entre eux.

Les moments passés en famille et entre amis sont également en hausse, tout comme la recherche du contact avec la nature. 9 % aimeraient même « s'isoler et prendre le temps de la méditation », un score plus élevé que la volonté de pratiquer des activités culturelles (8 %) ou sportives (6 %).