Définition et fonctions du pictogramme

Contexte

Les pictogrammes font partie de notre quotidien. Petits ou grands caractères, jouant sur la symbolique et les couleurs, ils délivrent en un espace restreint et avec peu de contenu une information claire. S'ils ne sont pas sujets à débat, c'est justement parce que nous les avons parfaitement intégrés en tant que langage. La force du pictogramme, c'est aussi et surtout son visuel compréhensible de tous et sans barrière de la langue. Le visuel, au sens du design graphique, est puissant car il est universel. En cela, il peut délivrer une interdiction, une recommandation, ou encore une obligation. Il est de fait à rapprocher de la signalétique.

Nous nous intéressons dans un premier temps à la définition et aux fonctions du pictogramme ; puis, dans un second temps, nous verrons quelles sont les variations autour du pictogramme, de son degré d'iconicité et de sa stylisation pour une utilisation plus large.

Qu'est-ce qu'un pictogramme ?

Définition

Selon le Larousse, un pictogramme est un dessin figuratif ou symbolique reproduisant le contenu d'un message sans se référer à sa forme linguistique.

Il normalise une information afin qu'elle soit compréhensible de tous. Dans le cas présent, le rôle du graphiste est donc de synthétiser l'information puis de la retranscrire visuellement de la manière la plus simple possible.

Il est important de noter que les premières formes de langages étaient des pictogrammes. Si seul un pictogramme ne permet pas de définir des choses complexes, leur combinaison permet de former des phrases ou des idées plus complètes. C'est de cette manière que s'est développée l'écriture cunéiforme à l'ère Mésopotamienne (puis plus tard en Égypte Antique, avec l'écriture hiéroglyphique), écriture produite sur des tablettes d'argile humides à l'aide d'un morceau de bois taillé ou d'un roseau.

Exemple

Dans l'image suivante par exemple, le symbole en forme de fourche vers le haut sur la seconde ligne signifie « grand », suivit d'un arbre. Ensemble, ils signifient « grand arbre » :

On retrouve également cette méthodologie dans l'écriture crétoise. Composée de moins d'une centaine de pictogrammes, elle fut développée entre le 20e et le 17e siècle avant Jésus-Christ :

Ou encore, avec le disque de Phaistos, découvert en 1908 et très représentatif de cette période linguistique qui usait particulièrement des pictogrammes :

Ce que cela révèle néanmoins, c'est que la compréhension du pictogramme est intrinsèquement liée à un contexte. Le disque de Phaistos n'a toujours pas été déchiffré, car on n'a trouvé aucun autre artefact comportant ces signes. Il en va de même aujourd'hui : si un pictogramme n'était utilisé qu'une seule fois, on tâtonnerait dans un premier temps pour comprendre ce qu'il signifie, et il faut par ailleurs souvent une première explication pour l'intégrer. Le code de la route en est un très bon exemple : une fois inculqué, sa signalétique fait sens, mais la multiplicité des pictogrammes peut, au premier abord, sembler confuse car visualisée hors contexte et séparément les uns des autres.

Fonctions du pictogramme

Dans son utilisation pratique, le pictogramme sert à communiquer une information. Aujourd'hui, on l'utilisera moins en tant que langage et davantage comme élément de signalisation. Il peut prendre en cela plusieurs fonctions :

L'indication (ou avertissement) : soit, pour donner une direction ou une information sur un matériel, soit sur l'état d'une zone. Cela peut par exemple se référer au matériel de secours, ou avertir d'un danger comme c'est le cas sur la consommation de certains médicaments (voir le packaging) ou d'utilisation de produits chimiques.

Ou encore aux panneaux de danger (il n'est pas question donc d'interdire un passage, mais bien d'exhorter à la vigilance sur un périmètre donné).

L'obligation : qui, d'autre part, ne donne pas le choix à l'usager que de s'adapter à un certain environnement. Si on le rapporte souvent aux signes de la route, on le retrouve beaucoup dans les sites industriels et chantiers de construction pour signaler une zone particulièrement bruyante, ou un danger physique (obligation du port du casque, des gants, des lunettes protectrices, des bottes, etc.).

Depuis le début de la crise sanitaire liée à la Covid-19, il va sans dire que tout le monde reconnaît le pictogramme propre au port du masque.

L'interdiction : enfin, est représentée très simplement, par un visuel de l'activité interdite, barrée en diagonale. Elle peut être utilisée dans beaucoup de contextes : la conduite, l'avion (et ses fameux checks de sécurité où sont interdits les liquides, les armes, les éléments inflammables, etc.), les loisirs (interdiction d'accès au-dessus d'un certain âge dans les aires de jeux, en dessous d'une certaine taille réglementaire pour les manèges, aux femmes enceintes, etc.), ou propre à un lieu (interdiction de manger, de polluer, de fumer, de courir, de prendre des photos).

Le code couleur est très important, car il permet à la fois de gagner en visibilité et indique par la même occasion un degré d'urgence. On notera ainsi que les panneaux d'interdiction sont en rouge, tout comme ceux d'urgence extrême (indication d'un extincteur), en jaune on représentera des éléments de danger modéré ou temporaire (particulièrement utilisés dans la signalétique de chantier), en bleu nous retrouverons les obligations et les indications de direction ; enfin en vert, les éléments se rapportant à la santé comme la présence d'une civière ou d'un défibrillateur :