Les différents écogestes applicables
Dès lors que questionner l’impact de ses actions à l’échelle individuelle est devenu une habitude, on peut modifier ses gestes afin de diminuer leur impact tout en fournissant une quantité d’effort raisonnable.
Nous proposons ici quelques gestes du quotidien permettant de réduire significativement leur impact. Carbone 4 estime qu’une action individuelle du consommateur moyen peut entraîner jusqu’à 20 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre.[1]
Cette liste n’est pas exhaustive et ne traite qu’un petit nombre de secteurs. Elle peut être complétée par les recommandations de l’Ademe ou de l’Office français de la biodiversité. Ces actions offrent autant de voies concrètes pour matérialiser la prise de conscience de l’urgence et le désir d’engagement pour l’environnement.
Nous avons ciblé 6 enjeux sur lesquels un individu peut avoir un impact positif à son échelle :
Le transport
L’alimentation
La consommation d'énergie
Les déchets
La consommation de biens d’équipement
L’usage du numérique
Le transport
Nous avons vu que les transports représentent une part importante des émissions mondiales, et une part encore plus importante des émissions françaises : plus d’un quart du bilan individuel moyen.
Il est possible d’agir au niveau individuel pour limiter ces émissions, en favorisant des modes de transports moins polluants, notamment en réduisant l’usage de la voiture.
En effet, 40 % des trajets quotidiens effectués en voiture font moins de 3 km et pourraient être remplacés par d’autres modes de transport (transports en commun électrifiés, marche, vélo, et éventuellement autopartage, covoiturage).
Concernant la mobilité domestique, les émissions de CO2 liées à la mobilité sont les plus importantes dans les zones périurbaines.[2]
D’après une étude du Shift Project, effectuer 50 % des trajets de moins de 7 km et 20 % des trajets entre 7 et 15 km à vélo, dans les zones de moyenne densité, permettrait de diminuer les émissions de 2,3 MtCO2eq./an, soit presque 2 % de toutes les émissions françaises dues au transport. D’une façon plus générale, si elle est possible, l'utilisation des transports en commun électrifiés doit absolument être privilégiée.[3]
Service des données et études statistiques du ministère de la transition écologique.
Conseil :
Favoriser l’usage du vélo et des transports en commun électrifiés.
La même étude montre qu’une augmentation du covoiturage permettrait aussi de réduire les émissions de façon conséquente. Un taux de remplissage moyen pour les trajets covoiturables (c’est-à-dire suffisamment réguliers) de 1,9 personne par véhicule pour le motif domicile - travail, et de 3,6 personnes par véhicule pour les autres motifs (déplacement, loisir, etc.) permettrait une réduction de 4,1 MtCO2eq./an.
Conseil :
Favoriser l’usage du covoiturage pour les trajets réguliers.
Enfin, pour limiter les émissions dues à la mobilité domestique, une solution efficace est de limiter la mobilité domestique, notamment par le développement du télétravail.
2 jours par semaine en télétravail pour la moitié des emplois permettraient une réduction de presque 1 MtCO2eq./an.
Conseil :
Favoriser le télétravail en cas de déplacement motorisé jusqu’au lieu de travail.
En ce qui concerne les voyages plus longs, il convient de privilégier le mode de transport ferroviaire. En effet, sur un trajet de 500 km, le train émet près de 100 fois moins que la voiture ou l’avion. Les trajets de très longues distances, comme les vols transatlantiques qui ne peuvent être réalisés qu’en avion, doivent être limités au maximum. Ils représentent des émissions de l’ordre de la tonne de carbone par passager, et sont difficilement conciliables avec les objectifs d’un bilan carbone moyen d’environ 2 tonnes.
Source : émission par passager calculée à l’aide du site Impactco2 produit par l’Ademe : 1,2 kg CO2eq. par passager pour le train (avec le mix énergétique français) contre 115 pour l’avion.
Conseil :
Privilégier le train ou l’autocar pour les trajets longs, et limiter au maximum les trajets très longue distance réalisables seulement en avion.
Enfin, concernant spécifiquement l’usage de la voiture et quelle que soit la distance parcourue, un changement dans le mode de conduite permet de réduire de façon importante la consommation de carburant, et donc l’émission de gaz à effet de serre. Rouler à 110 km/h au lieu de 130 km/h permet une réduction des émissions de l’ordre de 20 %. Des démarrages progressifs et une plus grande utilisation du frein moteur permettent aussi de réduire son impact.[4]
Conseil :
Modifier son mode de conduite.
L’alimentation
Un autre quart du bilan individuel moyen français trouve sa source dans l’alimentation. À cet impact sur le climat, il faut ajouter un impact tout aussi important sur la biodiversité. Que ce soit du point de vue des émissions de gaz à effet de serre ou de l’impact sur la biodiversité, la part de l’agriculture consacrée à l’élevage est celle qui a le plus d’effet.
Un moyen simple et efficace à l’échelle individuelle de réduire son impact est de réduire sa consommation de viande et d’autres produits d’origine animale. La réduction de la consommation de ces produits, entraîne une diminution de la production animale, et cela entraîne une baisse de la pression sur la biodiversité ainsi qu’une baisse des émissions. La consommation de viande à elle seule représente 10 % du bilan carbone total moyen selon l'étude Carbone 4 de 2021.
Diminuer sa consommation de viande tout en adaptant son régime afin d’avoir une alimentation équilibrée permet de réduire son impact sur l’écosystème et de préserver, si ce n’est d’améliorer, sa santé.[5]
De plus, il faut privilégier toutes les productions bio en circuit court local, ce qui limite la disparition des habitats, les prélèvements et les pollutions. Il faut aussi éviter d’avoir recours à des espèces exotiques en matière de jardinage, ou encore plus de relâcher celles-ci en milieu naturel. En tant que gestionnaire ou propriétaire d’une zone naturelle, il faut augmenter la diversité des habitats au sein de cette aire et ne pas utiliser d’intrants.
Conseil :
Diminuer sa consommation de viande et adapter son régime alimentaire.
Une réduction de l’impact de chacun sur l’écosystème passe aussi par une alimentation provenant d’une agriculture bio, locale et de saison. L’agriculture biologique préserve les eaux, les sols et les espèces présentes sur les parcelles. Elle limite la pollution en général et les effets des produits chimiques de synthèse sur la santé humaine.
Une agriculture locale permet, en outre, de limiter le transport d’espèces, l’extinction de races locales et les émissions de gaz à effet de serre dues au transport. L’agriculture de saison ne repose ni sur de la culture en serre ni sur de l’importation, elle s’affranchit donc d'importantes émissions liées au chauffage ou au transport.
Conseil :
Avoir une alimentation bio, locale et de saison.
La Consommation d’énergie
La consommation d’énergie au sein du logement (chauffage, appareils électriques) représente une autre part importante du bilan individuel moyen français.
D’un foyer à l’autre, elle peut varier en fonction du type de chauffage, du niveau d’isolation et de la consommation énergétique du foyer, mais en moyenne elle représente aux alentours de 20 % du bilan.
La consommation énergétique des foyers est principalement due au chauffage et à l’eau chaude sanitaire (77 %).[6]
Il existe deux moyens pour réduire les émissions de la consommation énergétique :
Réduire sa consommation énergétique
Réduire l’empreinte carbone de l’énergie utilisée
Pour réduire sa consommation énergétique, un foyer peut changer ses habitudes, son comportement, par exemple en chauffant les pièces à une température moindre, et augmenter l’efficacité énergétique de son logement avec éventuellement une meilleure isolation.
Selon l’Ademe, diminuer la température de consigne dans le foyer de 1 °C permet de diminuer la consommation de 5 à 10 %.
Concernant l’isolation, le passage d’un diagnostic de performance énergétique E à un DPE B pour un appartement de 30 m2 chauffé au gaz représente 1,3 tCO2eq.
Conseil :
Diminuer la température de son logement (19 °C dans les pièces à vivre, 17 °C dans la chambre).
Isoler au mieux, voire profiter des aides pour rénover thermiquement son foyer.
Enfin, il existe des systèmes de chauffage moins émetteur que d’autres, notamment les pompes à chaleur, les réseaux de chaleur et les radiateurs électriques. En particulier car l’électricité française, qui est produite essentiellement par les sources nucléaires et renouvelables, émet relativement peu de carbone. La consommation moyenne d’un foyer français est de 4 600 kWh, le passage d’un système de chauffage au fioul à l’électrique pour une telle consommation permet d’économiser 800 kg CO2eq selon ENGIE.
Conseil :
Utiliser un système de chauffage peu émetteur.
Les déchets
Le secteur des déchets représente des émissions de gaz à effet de serre lors du transport et du traitement des déchets, mais surtout à cause de l’émission de méthane lors de la décomposition des déchets en décharge.
L’abandon et l’épandage de déchets dans la nature présentent aussi des effets importants sur la biodiversité. Ces procédés peuvent polluer l’eau en infiltrant jusqu'aux nappes aquifères, polluer le sol en changeant son acidité, et polluer l’air en provoquant des incendies spontanés.
Enfin, ces déchets produisent un impact sur la faune et la flore, et peuvent être dangereux ou toxiques pour les différentes espèces.
Conseil :
Faire attention à ne pas abandonner de déchets dans la nature et bien gérer ses déchets dangereux.
Les déchets représentent une quantité de matière très importante : un Français produit en moyenne 560 kg de déchets par an.
Cette masse peut être recyclée, éliminée (c’est-à-dire incinérée ou stockée), ou être perdue dans l’environnement et avoir de graves conséquences.
Diminuer l’impact de ses déchets passe par une réduction de leur quantité totale et une augmentation de la quantité qui est recyclée. En outre, il faut savoir que certaines filières de recyclage ne sont pas efficaces, notamment pour les matières plastiques.
Conseil :
Se renseigner sur les modalités locales de recyclage afin de maximiser la quantité de déchets recyclés, comme sur le site Quefairedemesdechets.fr.
Enfin, la quantité de déchets est très liée à la consommation. La minimisation des déchets doit être pensée dès la consommation.
Conseil :
Acheter la quantité qui sera effectivement utilisée
Consommer des biens peu ou pas emballés
Utiliser une gourde, des couverts réutilisables et éviter le plastique à usage unique
Créer soi-même ses produits de nettoyage à partir d'ingrédients naturels
À l’inverse, la réduction des déchets par la réparation, la réutilisation ou le don permet de diminuer la consommation globale. En ce qui concerne l’alimentation, le gaspillage représente 150 kg par personne et par an. Sur ces 150 kg, 29 kg sont jetés directement par le consommateur. Réduire ses déchets permet aussi de diminuer l’impact de sa consommation selon l'Ademe.
Conseil :
Réduire le gaspillage alimentaire
Donner les objets encore utilisables
Privilégier la réparation à l’achat de nouveaux objets
Les équipements du foyer représentent un enjeu important en termes d’émissions nationales et individuelles des Français. Ils couvrent, entre autres, les appareils électriques à forte et à faible composante électronique, les textiles, habillement et chaussures, les meubles, les équipements de sport.
Concernant les vêtements, les impacts sont divers et ont lieu à différents niveaux de la chaîne de production du vêtement.
La culture du coton, par exemple, nécessite beaucoup d’eau et de pesticides, cela entraîne des impacts majeurs sur la biodiversité et la santé des agriculteurs.
Dans certaines régions, l’eau des rivières est détournée pour irriguer les champs en quantité suffisamment grande pour causer des problèmes environnementaux importants. La mer d’Aral a perdu, à cause de cette pratique, les trois quarts de sa surface, ce qui a rendu l’eau plus salée et tué la plupart des formes de vie présentes.
Ces impacts sont intensifiés par le niveau de consommation de la population : un adulte européen achète en moyenne 12 kg de vêtements par an. Cette consommation est d’autant plus disproportionnée qu’en moyenne ⅓ des vêtements ne sont pas utilisés.[7]
Là encore, la réduction de l’impact passe par une réduction de la consommation et par la consommation de biens textiles plus respectueux de l’environnement.
Mer d’Aral avant et après
Conseil :
Privilégier les matières comme le lin, le chanvre, moins gourmandes en eau, ou les matières recyclées
Privilégier les vêtements en coton biologique
Enfin, les pratiques de lavage peuvent aussi permettre de diminuer son impact individuel, en diminuant sa consommation d’énergie, d’eau et l’impact de la lessive.
Conseil :
Laver les vêtements à 30 °C avec des lessives portant un label recommandé
Faire sécher les vêtements à l'air libre
Éviter le nettoyage à sec
Laver moins souvent les vêtements en laine
De manière générale, quel que soit le type de biens d'équipement, allonger leurs durées de vie permet de réduire les impacts. En effet, en utilisant plus longtemps les objets, le consommateur en achète moins souvent et réduit ainsi l’empreinte de sa consommation.
Conseil :
Réparer plutôt que remplacer
Recevoir ou acheter d’occasion des biens
Donner ou vendre d’occasion des biens
Toutes ces actions permettent d’allonger la durée de vie moyenne des produits et donc de réduire leurs impacts. Attention toutefois à ce que le développement du marché de seconde main n’ait pas l’effet inverse d’augmenter la consommation.
C’est notamment le cas lorsque les individus vendent leurs biens d’occasion pour acheter un bien neuf, ou achètent plus de biens d'occasion, leur prix étant plus bas.
L’usage du numérique
Enfin, nous finissons cette liste d’écogestes du quotidien par le domaine du numérique. En effet, la croissance du numérique est très importante et ce secteur représente aujourd’hui 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, soit autant que l’aviation, et ce chiffre pourrait atteindre 7 % en 2040.[8]
Pour chaque personne, l’usage du numérique a un peu plus d’impact qu’un voyage de 2000 km en voiture chaque année. Les premiers responsables des impacts du numérique sont les terminaux « utilisateur ». Il s’agit des appareils électroniques (en premier lieu les écrans de télévision), qui sont responsables de plus de 60 % des impacts. Les centres de données et les réseaux viennent ensuite avec des impacts moins importants.
La phase de fabrication (de la télévision, du centre de données, du réseau) a bien plus d’effet sur l’environnement que la phase d’utilisation. Ainsi, les actions les plus bénéfiques sont celles qui visent à prolonger la durée de vie de l’objet, et donc à limiter la fabrication de nouveaux objets.
Conseil :
Ne changer de smartphone que lorsqu'il n'est plus fonctionnel (même chose pour les autres terminaux : ordinateurs, écrans, tablettes, etc.)
Préférer les terminaux recyclés et recycler son téléphone en fin de vie
On peut aussi agir sur la phase d’utilisation, notamment en réduisant la consommation énergétique du numérique.
Conseil :
Choisir le réseau le moins énergivore en fonction de ses usages et privilégier une connexion internet fixe
Sur le téléphone fixe par exemple, la fibre est moins énergivore que le cuivre
Basculer son téléphone en mode Wi-Fi une fois chez soi (plutôt que de rester en 3G ou 4G)
Télécharger ses contenus consommés en mobilité en avance chez soi sur un réseau fixe (via Wi-Fi)
Couper l’alimentation des équipements lorsqu’ils ne sont pas utilisés
Débuter la charge d’un appareil uniquement lorsque la batterie a un niveau inférieur à 25 %