Vie privée, intimité, habitudes, cultures : respecter les personnes aidées

Pour commencer, rappelons que la protection de la vie privée est affirmée depuis la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 (article 12). La vie privée est par ailleurs encadrée par le droit français, via l'article 9 du Code civil, qui stipule que « toute personne a droit au respect de sa vie privée ».

Des notions très proches

Des notions très proches qui sont reliées entre elles par un mot-clé : RESPECT.

Quand on intervient au domicile d'une personne aidée, il est pertinent de le rappeler aussi souvent que nécessaire.

Rappel de définitions :

Vie privée : désigne ce qui n'est pas de l'ordre du public, domaine des sentiments que chacun aime à garder anonyme. Pour l'intervenant, cela veut dire respecter la personne, sa famille et ses proches et ne pas s'ingérer au-delà des limites exigées par le travail.

Exemple

« Votre fille ne vient pas vous voir chaque soir alors qu'elle habite à deux pas, je trouve ça pas très gentil ! »

Vous ignorez les relations mère/fille et en portant pareil jugement, vous allez peut être raviver des souffrances ou mettre la personne aidée en situation inconfortable. Mieux vaut se taire !

Intimité : désigne la part la plus intérieure, la plus profonde de la personne, elle englobe une notion forte dans le métier : la PUDEUR. Elle est à la fois physique et psychologique.

Exemple

La voisine est présente auprès de votre cliente et vous lancez depuis le seuil du salon : « J'ai mis votre protection pour la nuit sur votre lit, pensez à la mettre, sinon vous allez encore souiller vos draps ! »

Est-il nécessaire que la voisine soit au courant des problèmes d'incontinence de votre cliente ? Non, bien sûr !

Habitudes et culture : désigne les modes de vie de la personne ainsi que l'ensemble des valeurs et croyances qui font sa personnalité, influencées par son sexe, sa religion, son niveau socio culturel et son statut social.

Exemple

Exemple 1 :

« À midi, je vous fais un ragout de mouton avec des haricots blancs, c'est bon ! »

Qui vous dit que votre client aime ce type de plat et ne préfère pas un autre type d'alimentation ?

Exemple 2 :

« Je vous aide à prendre votre douche et ensuite je vous prépare votre petit déjeuner ! »

Or il se trouve que la personne a, depuis toujours, l'habitude de prendre son petit déjeuner avant de procéder à ses soins d'hygiène.

Ces exemples ont été choisis pour bien comprendre l'importance de respecter la personne dans toute sa globalité. Un comportement adapté exige de respecter les bonnes pratiques du métier.

Les bonnes pratiques de l'intervenant à domicile

Il est bon d'établir une liste de bonnes pratiques à adopter :

Établir une liste des habitudes de vie de la personne : rythmes, horaires des repas et collations, sieste, lieux préférés au domicile, types de toilette, goûts vestimentaires et activités, régimes ou restrictions alimentaires. Rien ne vaut l'échange en face à face. Cette liste permet de mieux connaître la personne aidée pour assurer une prestation de qualité. Les autres membres de l'équipe peuvent aussi fournir des données significatives.

ConseilLes intervenants à domicile

N'hésitez pas à poser des questions et reformulez si vous ne comprenez pas les réponses fournies ou si vous estimez avoir besoin de précisions. Adaptez votre communication à l'état de la personne et sollicitez les aidants familiaux si besoin.

Dites par exemple : « Mme C., vous pouvez me préciser si vous aimez votre café plutôt allongé ou serré ». Ou autre exemple : « Après votre toilette, avez-vous l'habitude d'appliquer de la crème hydratante sur votre peau ? » Si la personne vous répond que non, cela ne sert à rien d'insister. Ne la contredisez pas, mais au fil de vos interventions vous pourrez lui expliquer que cela est bon pour la peau sans la contraindre. Un échantillon obtenu chez le pharmacien pourra vous aider à parler des bienfaits de s'hydrater quel que soit son âge.

Afin de mutualiser des informations recueillies, l'intervenant doit les faire remonter vers son RS, qui enrichira le dossier du bénéficiaire (évite la déperdition). Dans tous les cas, l'intervenant doit les mentionner dans le cahier de liaison/transmission.

  • Respecter l'intimité passe par une attitude de discrétion. La personne accueille l'intervenant chez elle pour l'aider dans les gestes de sa vie quotidienne. Ce qui signifie qu'elle ne voit en ce professionnel ni un ami, ni un membre de la famille. Il convient de toujours frapper ou sonner avant d'entrer, et d'attendre la réponse du bénéficiaire, même si l'intervenant est en possession des clés. Toutefois, si le bénéficiaire ne répond pas (exemple : est déficient auditif, s'est assoupi, etc.) malgré plusieurs tentatives, l'intervenant en possession des clés peut se permettre d'entrer sans attendre l'accord verbal de la personne. Par ailleurs, il est recommandé de fermer rideaux, volets et fenêtres avant de prendre en soin la personne. Le respect de l'intimité et de la dignité passe aussi par le fait d'être vu de l'extérieur. De même, il convient de couvrir la personne si elle est aidée dans sa toilette, et de sortir si elle est en mesure de s'habiller seule. Lors de visites, appels téléphoniques et autres, il est important de quitter la pièce pour vaquer à d'autres tâches et de ne pas reprendre la conversation en y mêlant des bribes d'informations recueillies en écoutant... même si l'exiguïté du domicile rend difficile l'éloignement.

  • Respecter la culture suppose d'en connaître quelques éléments sommaires. La formation, la pratique permet d'enrichir les connaissances en la matière. En cas de doute, le mieux sera toujours d'interroger la personne aidée. On assimile souvent la culture à la religion et autres croyances, c'est en limiter le champ d'application de façon dangereuse. Ainsi, respecter la culture consiste à comprendre et respecter qu'un homme qui fut actif tout au long de sa vie, a du mal à accepter l'idée de se faire aider pour sa toilette ou pour la prise de ses repas. D'autres seront mal à l'aise face à l'aide pour les accompagner à faire leurs courses. D'autres encore verront dans le maquillage non pas un acte visant l'embellissement, mais une vulgarité (d'où l'impérativité de ne jamais imposer). C'est à ce niveau qu'il faut faire preuve d'empathie, cette capacité à comprendre ce que ressent l'autre sans pour autant se mettre à sa place. Sur le plan religieux, l'intervenant doit respecter les rites alimentaires, les pratiques cultuelles. Ainsi en est-il de la non-consommation de viande de porc chez les Juifs et les Musulmans.

ConseilLes intervenants à domicile

Si vous avez des difficultés à vous repérer dans les pratiques cultuelles, demandez à suivre une formation très courte sur les rites religieux au sein de votre organisme.

Conclusion

La vie privée, l'intimité sont des grandes valeurs qu'il convient de respecter pour être un professionnel de qualité. Cette démarche s'inscrit dans le secret professionnel qui protège la personne aidée.