Ère antique à nos jours

Contexte

Dans le ski, le patinage, ou même au tennis déjà des équipes mixtes existent. Alors que les différences techniques entre hommes et femmes s’amenuisent année après année, les épreuves sportives nationales et internationales mériteraient désormais de s’ouvrir à une mixité totale. Vous pensez que des femmes n’ont jamais participé à des Jeux olympiques antiques ? Vous pensez qu’il est impossible pour une femme d’intégrer une équipe masculine de hockey de première division ? Détrompez-vous ! À l’heure où le Genre vient bousculer le Sexe, n’est-il pas temps pour le sport de faire jouer tout le monde sur le même terrain ?

Genèse du sport féminin

Contrairement aux idées reçues, les premiers jeux antiques ne sont pas interdits aux femmes. Plusieurs d’entre elles y remporteront des courses de chars : Cynisca en 396 et 392, Bérénice en 284, et sa fille la reine Arsinoé qui remporte trois courses en 272.

Cependant, l’Angleterre est la première nation à mettre en forme les règles de jeux qui distraient la population et à les transformer en « sport », mot venant du vieux français « desport ». Aussi est-ce en 1820 qu’apparaît le premier traité permettant à des femmes de pratiquer un sport : la gymnastique. Si on a retrouvé en Chine ou au Japon, des traces de femmes pratiquant le « Cuju » dès le premier siècle de notre ère, ancêtre du football ou même le tir à l’arc, ces activités n’étaient pratiquées qu’à titre récréatif, et le mythe des Amazones a plus à voir avec la guerre que le sport.

Premières pratiques

La gymnastique et l’alpinisme sont les premières activités ouvertes aux femmes. Ainsi, le 3 septembre 1838, Henriette d’Angeville est la première femme à gravir le mont Blanc et donc à établir une performance sportive. Cinq ans plus tard paraît Callisthénie ou somascétique naturelle appropriée à l’éducation des jeunes filles du docteur Phokion Heinrich Clias qui recommande la pratique d’exercices, à l’aide d’instruments divers, tels la canne, le cerceau, la corde à sauter et le trapèze. Ils seront à l’origine de la Gymnastique rythmique et sportive, discipline olympique pratiquée aujourd’hui à l’aide de cinq instruments : corde, cerceau, ballon, massues et ruban.

Sport à l’école en France, véhicule sexiste

En 1850, en France la « Loi Falloux » promulguée le 15 mars introduit la gymnastique au programme des écoles, comme épreuve facultative. Trente-deux ans plus tard, en 1882, l’éducation sportive devient obligatoire, mais la volonté du législateur n’est pas tout à fait la même, que l’on soit un jeune garçon ou une jeune fille. Chacun et chacune est rappelé à ses devoirs futurs : « L’école primaire peut et doit faire aux exercices du corps une part suffisante pour préparer et prédisposer (…) les garçons aux futurs travaux de l’ouvrier et du soldat, les jeunes filles aux soins du ménage et aux ouvrages des femmes ».

XIXe siècle, révolution féministe

À l’instar des mouvements féministes qui se développent dans le monde, la fin du XIXe siècle voit la pratique sportive féminine revendiquer elle aussi sa place aux côtés des hommes. Si les sports se structurent par des règles précises, la création d’institutions, les sportives sont malgré tout priées de conserver une part de féminité. Ainsi, Amelia Jenks Bloomer, militante américaine du droit des femmes et du « Mouvement pour la tempérance », les sportives devaient courir en jupe longue. En 1851 l’Américaine invente les « bloomers », des shorts « culottes » (ou « jupe-culotte) destinés à la pratique de l’athlétisme et du volley, jusqu’alors utilisés pour faire de la bicyclette. En 1900, Charlotte Cooper (tennis, Grande-Bretagne) devient la première championne olympique, dans une manifestation où elles concourent aussi en golf. Regardées avec amusement et ironie, elles ont le droit à des commentaires désobligeants à l’image de celui du Dr Maurice Boigey : « La femme n’est pas faite pour lutter, mais pour procréer ». En 1901 paraît Femina, magazine de sport destiné aux Françaises pour qui le sport est qualifié de « passe-temps de femmes oisives et fortunées »

Première Guerre mondiale, un tremplin pour les Femmes

Au sortir de la Première Guerre mondiale qui voit l’Europe privée de plus de 10 000 000 d’hommes morts au combat et autant de civils, la place des femmes dans la société civile s’affirme. Dans les gazettes, les articles concernant les premières femmes à vélo, insistent sur « l’indécence » et les « dégâts irréversibles sur l’appareil reproducteur féminin ». Aux Jeux olympiques de 1920 (Anvers), on compte 65 femmes présentes aux côtés des 2 561 hommes en compétition. Malgré tout, les femmes gagnent peu à peu en visibilité sociale : la Fédération Sportive Féminine Internationale (FSFI) est créée en 1921. Le 20 août 1922 sont organisés les premiers Jeux olympiques féminins à Paris, grâce à l’action d’Alice Milliat, fondatrice de la Fédération féminine sportive de France (1917), après le refus de Pierre de Coubertin d’ouvrir le programme de certaines disciplines aux femmes : « Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. Le véritable héros olympique est à mes yeux, l’adulte mâle individuel. Les JO doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs  ».

En 1919, les Filles de la Charité à Paris créent le Rayon Sportif Féminin (RSF), un mouvement sportif catholique réservé aux jeunes filles qui revendiquera 60 000 gymnastes réparties sur tout le territoire national à la veille de la Seconde Guerre mondiale.