Et si on dégenrait le sport ?

Manon Rhéaume, une pionnière ?

Comme l’a démontré Manon Rhéaume, les femmes ont toute leur place dans une équipe masculine de sport collectif, y compris au hockey, un sport de contacts même si le gardien de but est relativement protégé par les règles. Fort de cet exemple, qu’est-ce qui objecterait la présence de femmes dans des équipes comme le volley-ball par exemple où il n’y a aucun contact ? Qu’est-ce qui empêcherait une footballeuse d’évoluer avec des hommes ? D’un point de vue biologique, absolument rien… et si demain les JO n’établissaient une présence en finale du 100 m qu’uniquement sur le temps et non le sexe ? Le record olympique femmes est à 10’61 (2020), celui des hommes, 9’63 (2012), soit une seconde. Certaines épreuves voient déjà les hommes et les femmes être mélangés, au tennis il existe un « double mixte », et en biathlon des relais mixtes. En quoi aux épreuves de tir (pistolet, carabine, arc) il serait gênant qu’hommes et femmes cohabitent en même temps ? Idem en skate-board, ski ou en alpinisme par exemple ? En 1998 cependant, les Sœurs Williams (tennis) affrontèrent un inconnu, Karsten Braasch, classé 203 au classement ATP. Il n’y a pas eu de match : Serena Williams battue 6-1 et Venus Williams battue 6-2. Braasch affirmera que même face aux 600 premiers du classement ATP, elles ne pourraient pas lutter. Ce qu’elles confirmeront.

Mixité sportive pour des économies olympiques

Remarque

Cette mixité, non seulement permettrait de donner à voir l’égalité hommes-femmes aux nouvelles générations, et redonnerait au sport sa principale vertu à savoir juger selon un score, une performance, mais en plus ce serait une mesure économique intéressante. En effet, on diminuerait de moitié le nombre d’athlètes dans nombre de disciplines, donc le nombre de couchages, de transports, de repas, etc. Alors que le coût des JO enfle chaque année, et que le CIO peine de plus en plus à convaincre des villes-hôtes, cette mesure pourrait freiner l’inflation. Récemment, les footballeuses de l’équipe nationale des États-Unis ont obtenu d’être rémunérées exactement au même niveau que leurs homologues masculins. On notera qu’un seul sport reste totalement hermétique aux femmes : la lutte gréco-romaine, et que les femmes ne peuvent participer à une épreuve de canoë olympique que depuis… 2020 !

Quand le genre questionne aussi le sport

Complément

À l’heure où la séparation entre « sexe » (convention biologique) et « genre » (convention sociale) a réinvesti le champ social, le sport doit redevenir le terrain des évolutions sociétales. Naître homme ou femme n’a plus rien à voir avec être homme ou femme. Même cette distinction vole en éclat avec le non-genre, la non-binarité, etc. Dans quelle catégorie accueillir une personne qui aurait transitionné ? Avec l’apparition de la revendication de nouveaux positionnements face au Genre, dégenrer ainsi des sports éviterait les débats humiliants sur le taux de testostérone de certaines athlètes, ou la remise en cause de leur féminité en ne se basant que sur des critères physiques extérieurs. Caster Semanya (Afrique du Sud, 29 ans), Double championne olympique, triple championne du monde, quintuple championne d’Afrique, etc. est constamment discréditée en raison de son hyperandrogénie, à savoir son taux naturellement élevé de testostérone. « J’ai entendu dire qu’à la naissance, vous étiez un homme ? » ose même lui demander un journaliste après son premier titre de championne du monde du 800 m à Berlin, en 2009.

William Thomas, nageur devenu nageuse

Nageur américain moyen classé 462e au niveau national, William Thomas n’aurait jamais connu une carrière de haut niveau. En 2020, il entame sa transition et débute un traitement hormonal. Il veut continuer à pratiquer son sport et s’inscrit dès lors dans la compétition féminine en accord avec son genre. Comme la règle l’impose, elle doit réduire son taux de testostérone et la maintenir sous un certain niveau pendant 1 an avant de pouvoir concourir. Et là, Lia Thomas passe d’honnête nageur sans aucune chance de carrière nationale ou olympique en catégorie homme à n° 1 du championnat universitaire dans la catégorie femme en faisant tomber record sur record. En Iran, pays où les ultras religieux sont omniprésents, 8 membres de l’équipe féminine de football sont transgenres ! Et en 2022, une publicité pour Adidas évoque et visibilité une femme trans. La transition est en marche…

Quand le handisport montre l’exemple de la mixité

Dans le handisport, le pas est déjà franchi d’un sport mixte. Récemment, Helen Freeman, une joueuse britannique ayant fait plusieurs fois partie de l’équipe nationale, est venue de rejoindre le CS Meaux Basket Fauteuil. Un véritable atout pour le club. On peut même imaginer qu’après des équipes mixtes hommes-femmes, celles-ci soient aussi mixtes valides-invalides. Une prochaine étape sur le chemin de l’inclusion sociale ?